Églises des Landes
Histoire des Landes
Au cours de leur histoire, les Landes sont demeurées, avec une partie de la Gascogne occi-dentale, durablement en marge du reste de la Gaule. Cette situation avait déjà été constatée
par César dans son commentaire de la Guerre des Gaules, où elle était expliquée
par une différence ethnique en même temps que culturelle. Prise en compte au iie siècle
par la mise en place d’une relative autonomie fiscale, elle sera officialisée au ive par la
création d’une province autonome, la Novempopulanie, détachée de l’Aquitaine Seconde.
Vers la fin du vie siècle, les différences avec le reste de la Gaule sont renforcées par l’arri-vée des Wascones, de proches cousins venus du sud des Pyrénées, et, dès lors, la Gascogne,
nouveau nom pris par la Novempopulanie, mène une vie quasi-indépendante
à l’égard du pouvoir mérovingien puis carolingien. Au xe siècle, le comté qui se forme
est tout entier tourné vers le royaume de Navarre, au nord de l’Espagne. Et quand, un
peu plus tard, il est absorbé dans l’espace Plantagenêt, une péripétie matrimoniale
imprévue rattachera cet espace au royaume d’Angleterre, et les Landes se trouveront
ainsi jusqu’au milieu du xve siècle à l’écart et souvent en lutte armée avec le royaume
de France.
Nous allons pouvoir constater qu’une aussi longue séparation et, par la suite, l’affirmation assez constante d’un réel particularisme n’ont pas été sans influence sur le développement
culturel, et donc artistique de cette région.
Le Pays
Situé à l’extrême sud-ouest de la France, le département des Landes tire son nom de la vaste étendue de landes et de marécages, à peine parsemée de petits terroirs cultivés et habités, qui a occupé les trois quarts de sa surface jusqu’aux plantations massives de pins maritimes au XIXe siècle. Mais le dernier quart du territoire est d’une nature toute différente et il présente une réelle diversité de paysages : on voit ainsi se succéder à l’est l’extrémité occidentale des coteaux de l’Armagnac, au sud, les vallonnements du Tursan, de la fertile Chalosse et du Pays d’Orthe qui prolongent jusqu’au cours de l’Adour ceux du Béarn et du Pays Basque, au sud-ouest, les riches terres alluviales de la basse vallée du fleuve, qui rejoignent la bande d’étangs et de dunes côtières du littoral.
À ces paysages correspondent des sols et des sous-sols également divers : sous le sable de la lande gît une couche d’un grès ferrugineux – l’alios, ou la garluche – qui ne fournit qu’un matériau médiocre ; quelques zones argileuses ont permis la fabrication de briques et de tuiles ; en revanche, la Chalosse abonde en calcaires de nature diverse et de qualité inégale.
Les Hommes
De nombreuses découvertes attestent la précocité de la présence de l’homme dans ces régions. Aux groupes de chasseurs du Magdalénien, attachés aux pas de leur gibier, en particulier dans la région de Sorde-l’Abbaye ou de Brassempouy, ont succédé des pasteurs dont les tumuli jalonnent les anciens parcours, puis des populations sédentaires que le manque d’homogénéité des terrains a contraintes à se disperser à la recherche de conditions plus favorables.
Dans ses Commentaires de la Guerre des Gaules, Jules César a noté que les populations du sud de la Garonne, qu’il désignait du nom d’Aquitani, différaient par la langue et les habitudes de vie des peuples celtes habitant dans le reste de la Gaule. On sait aujourd’hui que ces hommes étaient biologiquement et linguistiquement très proches des Basques voisins, mais qu’ils s’en étaient séparés culturellement, en se laissant pénétrer par des influences venues du nord.
La conquête et la romanisation
Ce sont ces populations aquitaines qui ont été conquises par les légions d’un lieutenant de César, Publius Crassus, à partir de 56 avant Jésus-Christ. Après une résistance assez vigoureuse, après aussi une période d’agitation de 39 à 27, la région semble avoir assez aisément accepté la domination romaine. Divisée en deux civitates, celle des Aturenses – Aire – et celle d’Aquæ Tarbellicæ – Dax -, qui reprenaient approximativement les limites d’anciens peuples aquitains, elle a été intégrée par Auguste dans la province d’Aquitaine Seconde. Mais le maintien de particularismes affirmés, et sans doute bientôt les manifestations d’une certaine volonté d’indépendance ont conduit l’empereur Vespasien à créer vers la fin du iie ou le début du IIIe siècle une province autonome, la Novempopulanie, pour y regrouper les anciens peuples aquitains.
Durant les quatre premiers siècles de notre ère, la région, réorganisée selon les règles de l’administration romaine et parcourue par des voies importantes et donc par des courants d’échanges, connaît un développement dont profitent en particulier les chefs-lieux des deux cités : Aire s’organise autour de deux pôles, la ville basse et la colline du Mas ; Dax, célèbre par ses sources chaudes, s’étend sur une cinquantaine d’hectares, autour d’un noyau formé en particulier d’un temple et d’un établissement thermal dont on a retrouvé des vestiges importants.
Dès le IVe siècle pourtant, des infiltrations, puis des raids de tribus barbares créent une insécurité contre laquelle on tente de lutter par la construction de remparts protégeant une partie des villes en sacrifiant le reste : la surface enclose dans l’enceinte de Dax ne dépassera pas 12 ou 13 hectares. Nombre de monuments ont alors été démolis pour réutiliser les matériaux dans les fondations surmontées d’un mur de blocage parementé de briques d’une dizaine de mètres de hauteur, épais de plus de 4 m, flanqué de 46 ou 47 tours et percé de trois portes fortifiées.
Dans les villes ainsi réduites, la vie manquait bien sûr d’agréments pour les notables, qui préféraient se retirer dans de somptueuses résidences de campagne : du Gabardan au Bas-Adour, on a identifié plusieurs dizaines de ces villas : celles qui ont été fouillées ont révélé des constructions pouvant atteindre plusieurs
centaines de mètres carrés, organisées autour d’une ou deux cours intérieures bordées de portiques : les pièces, pavées de mosaïques et décorées d’applications de marbre et de peintures, étaient chauffées en hiver par l’air chaud venant de fournaises qui alimentaient aussi de complexes installations thermales. Les portiques s’appuyaient sur de nombreuses colonnes de marbre de couleur, couronnées de délicats chapiteaux de marbre blanc.
Cette vie brillante, que de rapides incursions barbares aux IIIe-IVe siècles n’avaient pas réussi à affecter trop gravement, allait être plus profondément compromise par les invasions du début du Ve, et surtout par l’installation à demeure de Wisigoths vers 435-440. Des 70 ans qu’a duré la présence de ces populations, il ne subsiste plus guère que quelques toponymes caractéristiques, ainsi qu’un code juridique – la Lex romana Wisigothorum, dite « bréviaire d’Alaric »-, promulgué par ce roi à Aire en 506.
Mais cette situation n’était pas bien acceptée : le roi franc Clovis, appelé à l’aide par les Aquitains, remporta en 507 à Vouillé, non loin de Poitiers, une victoire qui rejeta définitivement les Wisigoths au-delà des Pyrénées, où ils allaient développer un royaume brillant.
Ces événements, qui ont profondément marqué les villes et leurs élites, ont-ils également modifié la vie du petit peuple, et en particulier du peuple des campagnes ? L’archéologie révèle une grande permanence dans l’habitat, les modes de vie, les pratiques et les ressources agricoles, même dans les domaines dépendant de riches villas. Cependant, la découverte de quelques fragments d’amphores ayant contenu de l’huile ou du vin étrangers témoignent de l’existence de quelques échanges commerciaux avec des régions lointaines.
Les origines du christianisme dans la région ont été exaltées par plusieurs récits légendaires évoquant des fondateurs d’églises – saint Vincent à Dax – ou des martyrs – sainte Quitterie à Aire, saint Sever, saint Girons à Hagetmau, etc.
Le premier témoignage sûr vient des actes du concile d’Agde de 506, où assistaient l’évêque Gratien de Dax et le prêtre Pierre, représentant l’évêque Marcel d’Aire. Toutefois des recherches récentes ont montré que l’arcade sous laquelle est conservé le sarcophage dit de sainte Quitterie, sur la colline du Mas d’Aire, faisait partie d’un mausolée édifié au ive siècle par une famille chrétienne pour y déposer le corps d’une jeune fille. Cette présence précoce de chrétiens à Aire est confirmée par un chapiteau un peu plus tardif, sur lequel sont représentés des oiseaux buvant dans un vase sous un arbre, symbole certainement chrétien de l’immortalité.
Comme dans les autres régions de l’Empire, un diocèse a été institué dans chaque civitas, dont le chef-lieu – les villes d’Aire et de Dax – a accueilli l’évêque. Bien qu’adeptes d’une doctrine hérétique, l’arianisme, les Wisigoths et en particulier leur roi Euric ne semblent pas avoir persécuté aussi violemment les chrétiens que certaines légendes l’ont affirmé ; à la veille de sa défaite à Vouillé, c’est même Alaric II qui eut l’initiative de la réunion à Agde de tous les évêques de son royaume.
Ici encore, on peut s’interroger sur l’étendue et sur la profondeur de la christianisation, en particulier dans les campagnes : les données recueillies dans d’autres régions montrent la difficulté de l’évangélisation des villages – pagi – dont le nom des habitants – les pagani – servira même bientôt à désigner les païens. Quant au réseau paroissial, on peut penser qu’il ne s’est développé qu’avec une extrême lenteur et surtout au voisinage des villes ou de certaines villas.
4. Le Haut Moyen Âge
La naissance et les débuts de la Gascogne -L'Église gasconne au haut Moyen Âge
La naissance et les débuts de la Gascogne
Après leur victoire de 507, les Francs devaient mettre plus de vingt ans pour occuper le pays landais. Encore cette mainmise, et l’attribution de la région successivement à divers royaumes au cours des partages intervenus au cours des décennies suivantes furent-elles sans doute plus théoriques que réelles. Si, vers 585, un usurpateur du nom de Gondovald réussit à installer sur le siège épiscopal de Dax un de ses partisans, Faustian, sa mort mit fin aussitôt après à l’entreprise.
Mais déjà, une nouvelle menace pesait sur la Novempopulanie. Dans les années 580-590, des troupes de Vascons – Wascones -, proches parents des anciens Aquitains, mais demeurés irréductibles à la romanisation, furent brutalement chassés par le roi wisigoth Léovigilde du versant sud des Pyrénées occidentales, et ils commencèrent à déferler vers le nord. Progressivement, et en dépit de « victoires » remportées par les fils de Childebert II, par Charibert II, par Dagobert Ier, et des serments de fidélité alors obtenus des chefs vascons, toute la région située au sud de la Garonne allait rapidement échapper au pouvoir effectif des souverains mérovingiens et elle porterait désormais le nom de Vasconia – la Gascogne.
Cette situation trouble rend difficile toute analyse des rares renseignements transmis par les textes sur l’existence d’un prince de la Gascogne du nom de Loup vers 675, sur les conséquences de l’invasion arabe qui, après une victoire sur le prince d’Aquitaine Eudes, échoua en 732 en face de Charles Martel, et enfin sur les relations assez confuses entretenues avec les premiers souverains carolingiens.
Comme auparavant sous les Mérovingiens, toutes les tentatives de Charlemagne et de ses successeurs pour prendre un contrôle plus étroit de la Gascogne ne vont obtenir que des résultats incertains. L’épisode de Roncevaux, les précautions prises par Louis le Pieux dans sa traversée de la région en 814, et surtout les nombreux soulèvements et révoltes qui jalonnent les années 780-850 montrent que le pays glisse lentement vers l’indépendance.
Cette indépendance semble acquise de fait avant le début du xe siècle. La Gascogne est alors gouvernée par des comtes dont plusieurs portent le nom de Sanche, mais dont les relations de parenté ou même de succession semblent impossibles à déterminer avec précision.
Quels qu’aient été leur nombre ou leur importance, les changements intervenus au cours de cette longue période ont surtout concerné le contrôle du pouvoir politique : s’ils ont entraîné une grave désorganisation des structures administratives publiques et une multiplication des pouvoirs locaux, le nombre relativement faible des nouveaux arrivants ne leur a permis d’affecter que ponctuellement ou superficiellement la vie des populations, auxquelles ils se sont du reste plus ou moins rapidement intégrés. Paradoxalement, la survivance de la plupart des élites aristocratiques gallo-romaines et de leur influence a sans doute permis la poursuite de la romanisation, et en particulier l’usage de la langue latine, bien que sous des formes abâtardies. Quant à l’économie, si l’interruption ou la forte réduction des échanges avec l’extérieur l’a refermée sur elle-même, elle ne semble pas avoir été sensiblement affaiblie.
L’Église gasconne au haut Moyen Âge
La prise de contrôle de la région par les Francs avait libéré l’Église de la domination des Wisigoths ariens ; mais elle ne semble pas l’avoir mise en relation étroite avec celles du reste du royaume : les actes des divers conciles tenus à cette époque ou aux siècles suivants à Orléans, Paris ou ailleurs n’attestent que très rarement la présence d’un évêque landais.
L’arrivée de Wascons restés païens a-t-elle gêné la progression du christianisme dans le peuple, et en particulier dans les campagnes ? Rien ne permet de l’affirmer ; et si la désorganisation des structures administratives a pu s’accompagner d’un affaiblissement de l’autorité des évêques, l’interruption particulièrement durable des listes épiscopales qui s’observe dans les diocèses landais ne signifie pas nécessairement que toute l’organisation ecclésiale déjà mise en place ait été profondément affectée et même qu’elle n’ait pas continué à se développer quelque peu.
On ne saurait toutefois négliger qu’à la différence de ce qui s’observe dans les diocèses des parties plus septentrionales ou plus orientales de la Gascogne, ceux d’Agen, d’Auch, de Comminges ou de Bigorre, l’absence de mention fiable de la présence d’un évêque sur les sièges d’Aire et de Dax se prolonge durant toute l’époque carolingienne.
5. Le Moyen Âge. XIe-XIIe Siècles
Des comtes de Gascogne aux souverains Plantagenêts
Des comtes de Gascogne aux souverains Plantagenêts
La famille des Sanche qui régnait, depuis le début du xe siècle au moins, sur la partie occidentale de la Gascogne atteint l’apogée de son pouvoir aux temps de Guillaume Sanche et de ses deux fils.
Guillaume Sanche (vers 950-996), dont le mariage avec Urraca, sœur du roi de Navarre Sanche le Grand, avait resserré les liens avec les pays du versant sud des Pyrénées, vit vers 970-980 ses états s’agrandir également vers le nord, de l’Agenais et surtout du comté de Bordeaux légué par son titulaire, Guillaume le Bon. Bien que l’absence ou le caractère particulier des documents conservés ne permette guère de mesurer la portée de son action ailleurs que dans le domaine religieux, il est manifeste que son règne a été décisif pour la réorganisation et le renouveau de la Gascogne. On peut du reste penser que c’est par cette volonté que s’explique en partie le nombre d’abbayes – une dizaine – fondées par lui et par Urraca : on sait en effet que les foyers d’intense vie spirituelle que sont les monastères ont toujours été, et en particulier à cette époque, des centres très actifs de vie économique et de vie culturelle, et qu’ils ont donc certainement apporté une aide considérable au comte dans la réalisation de ses desseins.
Bernard Guillaume, qui succéda à Guillaume Sanche vers 996, semble s’être surtout attaché à confirmer l’action de son père, en particulier en faveur des monastères. Il devait décéder sans enfant à la Noël 1010, dans des circonstances assez suspectes. Son frère Sanche Guillaume qui lui succéda avait été formé à la cour de son oncle le roi de Navarre, et, comme ce dernier l’avait réalisé pour l’ensemble de l’Espagne chrétienne, il résolut de refaire l’unité au moins morale de toute la Gascogne, en associant comtes et vicomtes de la partie orientale à des œuvres communes. Mais cette volonté venait bien trop tard : en effet, dès le siècle précédent, dans cette partie orientale, de nouveaux comtés – ceux d’Armagnac, d’Aure, de Pardiac – s’étaient détachés des comtés anciens – ceux d’Astarac et de Fezensac ; la partie occidentale avait elle aussi connu une important phase de morcellement par la création de nombreuses vicomtés à l’intérieur des comtés : vicomtés de Montaner et de Lavedan dans le comté de Bigorre ; vicomtés de Béarn, d’Oloron, de Marsan, de Dax, de Tartas, de Maremne dans le comté de Gascogne…
Durant le règne de Sanche, l’importance des Landes dans cet ensemble, déjà sensible sous Guillaume Sanche, s’est encore accrue, et Saint-Sever a affirmé son rôle de véritable capitale : c’est là que le duc tient plusieurs assemblées de ses vassaux, et c’est dans le palais élevé sur le promontoire de Morlanne qu’il fait rédiger et marque de son seing son testament.
Avec la disparition de Sanche, lui aussi mort sans descendance en 1032, devait s’ouvrir une période de grande confusion dans l’histoire de la Gascogne. Plusieurs branches collatérales pouvaient en effet revendiquer la succession du comté, qui revint tout d’abord à un neveu du défunt, Bérenger d’Angoulême, puis, après la mort toujours sans descendance de ce dernier, en 1036, à un autre neveu, Eudes, qui disparut à son tour en 1040. Profitant de la confusion qui s’ensuivit, la belle-mère d’Eudes parvint à faire attribuer le pouvoir à son second fils Guy-Geoffroy, qui semble toutefois s’être davantage intéressé à la partie septentrionale – l’ancien comté de Bordeaux – qu’à la Gascogne proprement dite.
Cette négligence permit à un autre neveu, Bernard Tumapaler, comte d’Armagnac, de mettre la main sur le comté, dont il parvint pendant plus de vingt années à garder au moins la partie orientale qui correspondait approximativement au diocèse d’Aire. Bien que le besoin d’argent l’ait dans l’intervalle contraint à céder ses droits à Guy-Geoffroy pour 15 000 sous, il revint bientôt sur son engagement, et il ne perdit définitivement la partie qu’en 1063 ou 1064, après avoir été défait près de Saint-Jean-de-la-Castelle, non loin d’Aire, par son adversaire, déjà comte de Bordeaux, mais qui était devenu entre temps duc d’Aquitaine. Dès lors, l’ensemble de l’ancienne Gascogne se trouva de nouveau unifiée et placée avec l’Aquitaine sous un pouvoir unique, avec Bordeaux pour capitale.
Ainsi, en quelque trente années, la Gascogne, jusque-là étroitement liée au versant sud des Pyrénées par ses relations familiales avec la Navarre et parfois par une sorte de protectorat, avait été fermement amarrée au déjà vaste domaine de ses puissants voisins du nord.
On ne possède guère de renseignements sur l’action, sans doute très discrète, des successeurs de Gui-Geoffroy, Guillaume IX le troubadour et Guillaume X, en Gascogne. À la mort du second, en 1137, son duché revint à sa fille Aliénor, qui épousa le futur roi de France Louis VII.
Les nouveaux souverains ne semblent pas s’être beaucoup préoccupés de la Gascogne, pourtant troublée par les entreprises du vicomte de Béarn Pierre de Gabarret pour s’emparer de la vicomté de Dax. Le couple n’ayant pu avoir d’héritier mâle, le roi décida en 1152 de se séparer de son épouse, qui se remaria quelques semaines plus tard à Henri, comte d’Anjou.
Ces événements, qui accentuaient l’orientation de la Gascogne vers le nord, allait avoir sur elle des conséquences bien plus radicales, puisqu’en 1154, Henri devint roi d’Angleterre.
5. Le Moyen Âge. XIe-XIIe Siècles
La réorganisation des diocèses gascons au XIe siècle
Aux XVIe-XVIIe siècles, remise en cause et affirmation de la foi catholique
Toutes les régions de France ont connu au XVIe siècle une véritable fracture : la Réforme protestante, en particulier sous sa forme calviniste, remettait en effet radicalement en question sinon toujours la foi catholique, du moins la pratique de cette foi, et en particulier le culte de l’Eucharistie, de la Vierge et des saints qui occupait une si grande place dans la vie de l’Église. Les Landes n’ont pas échappé à ce mouvement favorisé par la proximité du Béarn massivement acquis aux idées nouvelles : on note des conversions à Dax, et surtout à Mont-de-Marsan et dans le diocèse d’Aire où quelques exactions iconoclastes se produisent assez tôt ; à l’abbaye du Mas d’Aire, cinq religieux sur dix passent à la Réforme. Pourtant, le pays reste dans ce domaine une « zone de basse pression » : le nombre de communautés huguenotes organisées ne semble pas avoir dépassé la dizaine.
Si les Landais restent ainsi globalement attachés au catholicisme, ils ne vont pas pouvoir s’opposer aux troupes organisées qui, sous les ordres de Montgomery, se déchaînent en 1569 dans le Tursan, la Chalosse, le Marsan et le Gabardan. En dépit de la gravité du constat, Le Procès-verbal envoyé au roi Charles ix en 1572 ne rend qu’incomplètement compte des conséquences de ce raid : aux incendies, pillages, massacres, il faut ajouter la désorganisation des institutions, la précarité de la vie des communautés religieuses ou paroissiales, l’appauvrissement général de la population.
Pourtant, tous les témoignages montrent qu’après ces événements, la pratique religieuse n’a pas faibli : Landais des campagnes et des villes restent presque unanimement fidèles à la pratique dominicale et au respect du devoir pascal, les confréries se multiplient, des pèlerinages locaux – ceux de Buglose et de Maylis surtout – connaissent une grande faveur. Mais d’autres manifestations ont d’une orthodoxie plus douteuse : la dévotion aux fontaines miraculeuses et aux saints guérisseurs glissent vers la superstition et la résurgence de cultes païens, avec des pratiques aux frontières de la magie ou de la sorcellerie. On constate vers 1670 une résurgence de la chasse aux sorciers.
L’organisation de l’Église d’Ancien Régime
Le diocèse d’Aire avec 218 paroisses, celui de Dax avec 243 débordaient largement hors des Landes, vers l’est pour le premier, vers le sud, jusqu’aux Pyrénées pour le second ; en retranchant les paroisses aujourd’hui rattachées à d’autres départements, et en ajoutant celles qui proviennent des anciens diocèses de Bazas, de Bordeaux, d’Auch et de Lescar, on arrive à un total d’environ 430 paroisses pour le territoire actuel du département. Ces paroisses, groupées en archiprêtrés, étaient d’importance très inégale. Leurs biens et leurs revenus étaient gérés par la fabrique, un conseil de chrétiens, sous l’autorité du curé. Ce dernier, avec lequel les fidèles entretenaient des rapports assez divers, était le plus souvent nommé par l’évêque, plus rarement par d’autres autorités ecclésiastiques ou laïques. Dès sa nomination, il disposait des ressources de son bénéfice, et en particulier de la dîme et de diverses impositions en nature.
À la tête des diocèses, les évêques nommés après la crise sont très différents de leurs prédécesseurs du xvie, résidant souvent au loin et peu attachés à leur rôle de pasteur. Bien que ces nouveaux prélats, majoritairement d’origine noble, aient parfois dû leur nomination à la faveur de quelque puissant ou même au népotisme, et qu’ils aient continué à pratiquer le cumul de plusieurs bénéfices, ils se signalent à la fois par leur qualité intellectuelle et par leur volonté de promouvoir la réforme de l’Église entreprise selon l’esprit du Concile de Trente. Pour remplir cette mission, ils assurent un contrôle de la vie des paroisses par des visites pastorales régulières, et une formation permanente du clergé par l’institution de conférences ecclésiastiques. En revanche, il faudra attendre le xviiie siècle pour que des séminaires puissent pleinement assurer la formation des aspirants au sacerdoce.
Après l’ébranlement de la Réforme, les maisons religieuses ont repris vie : vers 1767, on compte 87 religieux répartis dans dix monastères dans le diocèse d’Aire, 63 pour neuf monastères dans celui de Dax, soit un total de 150 appartenant à neuf ordres. Quelque deux cents religieuses appartenaient aux seules congrégations des Clarisses et des Ursulines. Dans la plupart de ces maisons, une certaine discipline a été rétablie, soit par l’action d’un supérieur, soit par l’introduction d’une réforme : ce fut le cas pour les abbayes de Saint-Sever et de Sorde, soumises respectivement en 1638 et 1665 à la réforme mauriste, qui mit fin à la division des revenus liée au régime de la commende.
À la même époque, de nouvelles congrégations vinrent également s’installer dans les Landes, en particulier les Barnabites, au collège de Dax, et surtout, à Buglose, les Lazaristes, fondés par le landais Vincent de Paul.
5. Le Moyen Âge. XIe-XIIe Siècles
La création et le développement des monastères aux XIe-XIIe siècles
L’origine des anciennes abbayes landaises a été expliquée par de belles légendes formées sans doute vers la fin du XIe siècle pour répondre au besoin de merveilleux des pèlerins qui les visitaient en grand nombre. La fondation de Saint-Jean de Sorde et de Saint-Girons de Hagetmau a ainsi été attribuée à Charlemagne, et celle de Saint-Sever a été située plus tôt encore, dès le début du VIIIe siècle, celle du Mas d’Aire au vie…
L’étude des documents révèle une tout autre réalité : celle de fondations réalisées à partir de la seconde moitié du Xe siècle par de grands féodaux : le duc Guillaume Sanche en tout premier lieu, mais aussi plusieurs vicomtes.
Dans le diocèse de Dax, c’est certainement à Guillaume Sanche que l’on doit la création de Saint-Jean de Sorde ; après une tentative de prise de contrôle par l’abbaye gersoise de Pessan, elle semble être passée sous l’autorité de Saint-Sever, dont elle reçut successivement deux abbés avant de recouvrer son indépendance totale.
On ne peut sans doute pas accorder un grande confiance aux traditions qui situent vers 960 la fondation de Saint-Caprais de Pontonx par un vicomte de Tartas ; mais ce petit monastère est passé précocement sous la dépendance de celui de La Réole, et par cet intermédiaire, sous celle de la puissante abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire.
Ce n’est vraisemblablement guère avant la fin du XIe siècle que sont apparus l’abbaye de Cagnotte et son prieuré de Pouillon. Si l’église Sainte-Marie de Cagnotte n’est pas antérieure à la fin du XIIe siècle, Saint-Martin de Pouillon conserve un remarquable chevet de la fin du XIe.
À côté de ces abbayes soumises à la règle de Saint Benoît, d’autres communautés ont été fondées sous la règle canoniale de saint Augustin. Ce fut bien sûr le cas du chapitre de la cathédrale de Dax, créé avant 1056 par l’évêque Raymond le Vieux lors du transfert du siège épiscopal à l’intérieur des remparts. Ce fut aussi le cas de Sainte-Marie d’Arthous, fondée vers 1160 sous l’obédience des chanoines Prémontrés ; ce fut semble-t-il aussi le cas de l’abbaye de Divielle, qui devait par la suite être rattachée à l’ordre cistercien.
Dans le diocèse d’Aire, c’est sur l’abbaye de Saint-Sever que l’on possède les renseignements les plus nombreux et les plus précis, concernant aussi bien les circonstances de la fondation en 988, que certaines particularités de la communauté installée dans les lieux, et surtout les marques de la faveur du fondateur Guillaume Sanche et de ses fils, et le développement considérable de l’abbaye sous le plus illustre de ses abbés, Grégoire de Montaner.
Dès sa fondation, l’abbaye a exercé, dans les régions où elle avait bénéficié des dons de ses bienfaiteurs, une action déterminante, en développant ou en rénovant le réseau paroissial, mais aussi en implantant très précocement dans certains points privilégiés de nouveaux foyers de vie monastique : des prieurés sont ainsi créés en aval sur les bords de l’Adour à Nerbis, sur la route du littoral à Mimizan, alors dans le diocèse de Bordeaux, et surtout, sur la route de pèlerinage venant de Vézelay, à Saint-Pierre-du-Mont, Saint Genis-des-Fontaines et Sainte-Marie-Madeleine de Mont-de-Marsan, à Roquefort, et jusqu’à Buzet dans le diocèse d’Agen.
Bien qu’on ne possède aucune indication précise sur la date de fondation des abbayes de Saint-Girons de Hagetmau et de Saint-Loubouer, leur existence attestée très tôt dans le xie siècle et les relations spirituelles et artistiques qu’elles ont entretenues avec Saint-Sever dès cette époque rendent assez plausible leur création par Guillaume Sanche ou un de ses fils.
En revanche, l’attribution également proposée de la fondation de Sainte-Quitterie du Mas d’Aire à Guillaume Sanche, a été rejetée par l’abbé Degert : selon lui, cette abbaye n’aurait été créée que sous Pierre II, évêque d’Aire de 1092 à 1099, peut-être par des religieux venus de l’abbaye de la Chaise-Dieu, au diocèse de Clermont. Il faut toutefois noter que le chevet de l’abbatiale conserve des éléments certainement antérieurs à cette période.
On doit peut-être situer vers la même date la fondation dans l’église d’Escalans, alors dans le diocèse d’Auch, d’un prieuré dépendant d’Eauze, et celle d’une communauté de chanoines à Pimbo, qui dépendait de Saint-Sernin de Toulouse. Un peu plus tard, l’abbaye de La Sauve-Majeure, dans le diocèse de Bordeaux, a créé les prieurés de Bougue et de Perquie, ainsi que celui de Gabarret, alors dans le diocèse d’Auch, tandis que des cisterciens s’installaient à Pontaut.
Reste enfin l’abbaye Saint-Jean de la Castelle, auprès de laquelle eut lieu en 1065 la bataille décisive pour le pouvoir sur la Gascogne. On ignore tout de son origine, mais on sait qu’elle fut plus tard soumise à la règle canoniale, et qu’elle fonda alors le prieuré de Lagrange.
Dans cette liste relativement importante de communautés régulières, deux absences assez remarquables méritent d’être soulignées : celle d’abbayes féminines, celle de monastères rattachés au grand ordre ailleurs prépondérant de Cluny. Cette double absence est d’autant plus remarquable qu’elle tranche avec la situation dans les diocèses voisins – ceux d’Agen, d’Auch et même de Lescar où l’ordre de Cluny est présent, ceux d’Agen et d’Auch où ont été fondées des monastères féminins de l’ordre de Fontevrault. Elle atteste du pouvoir de résistance de quelques grandes abbayes qui sont parvenues à garder toute leur indépendance ou leur influence dans cette partie de la Gascogne.
5. Le Moyen Âge. XIe-XIIe Siècles
Sur la route de Saint-Jacques, les fondations des ordres militaires et hospitaliers
La situation exceptionnelle des Landes, que traversaient trois des quatre plus importantes routes du Pèlerinage de Compostelle, avant de se rejoindre un peu plus au sud à Ostabat, a sans doute joué dans leur évolution un rôle difficile à définir avec précision, mais qui s’est manifesté en particulier par la fondation d’établissements nouveaux voués à l’accueil des pèlerins.
Le cartulaire de la cathédrale rapporte les circonstances dans lesquelles fut fondée vers 1140, auprès de Dax, le Temple de la Torte. Vers la même époque, l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem créa l’Hôpital de Saint-Esprit en face de Bayonne, dans un quartier qui appartenait alors au diocèse de Dax. Mais c’est surtout au cours de la fin du siècle et des siècles suivants que se multiplièrent les maisons templières et des établissements des Hospitaliers, des Antonins, et de Saint-Jacques de l’Épée rouge, aussi bien dans les diocèses d’Aire – à Corbin, Grauloux, Pécorade, Bessaut, Goloni… -, et de Dax – à Camon, près de Labatut, à Gaas, Moliets, Messanges, Contis, Lit, Saint-Antoine-des-Traverses, au Boret près de Capbreton… -, que dans la partie méridionale du diocèse de Bordeaux, traversée par une autre route suivant le littoral – à Parentis, Sainte-Eulalie, Pontenx….
6. Le Moyen Âge. XIIIe-XVe siècles
Les Landes entre les pouvoirs concurrents des rois d'Angleterre et de France
Le mariage en 1152 de la duchesse Aliénor, répudiée par Louis VII de France, avec Henri, comte d’Anjou, avait rattaché l’Aquitaine et la Gascogne, et donc les Landes, aux états Plantagenêts. Mais ces terres situées aux extrémités du vaste empire ainsi constitué allaient se trouver encore plus franchement marginalisées par l’élévation du jeune comte à la tête du royaume d’Angleterre en 1154.
Pendant un demi-siècle, la nouvelle dynastie semble s’être peu intéressée à la Gascogne, dans laquelle elle ne se manifestait que par de brèves interventions. Mais la montée de l’hostilité manifestée à son égard par le roi de France, son suzerain pour ces terres continentales et qui aspirait à en prendre seul le contrôle, conduisit en 1203 le roi Jean sans Terre à demander l’appui de tous ses barons et fidèles sujets de Gascogne et du Périgord. Cet appel venait trop tard : dès l’année suivante, Jean dut s’enfuir en Angleterre et ses possessions sur le continent passèrent au pouvoir de Philippe Auguste, à la seule exception du Bordelais et de la Gascogne, revendiqués par le roi Alphonse III de Castille, et qui demeurèrent en réalité liés à la couronne anglaise.
Du fait de cette amputation de toutes les terres situées au nord du cours de la Charente, les Landes se trouvèrent alors dans une position centrale dans le duché d’Aquitaine, et elles durent donc jouer un rôle important dans les conflits qui, jusqu’au milieu du xve siècle, n’allaient cesser d’opposer le duc au roi de France. Pourtant, si les années 1216-1337, de l’avènement d’Henri III aux débuts de la Guerre de Cent Ans, ont été une époque d’agitation, de troubles et d’insécurité endémiques, les phases aiguës d’hostilités ont été assez limitées pour n’avoir pas eu de trop graves conséquences sur l’avenir de la région : à la période de développement démographique et économique qu’avait connue le duché au cours des décennies précédentes allait succéder un temps de structuration et d’organisation dans les domaines les plus divers, administratifs, judiciaires ou financiers.
Dans le même temps, des habitats nouveaux sont créés de part et d’autre de la frontière mouvante. En effet, pour asseoir leur domination politique et militaire, les rois de France et d’Angleterre ont entrepris, surtout vers la fin du XIIIe siècle et les premières décennies du XIVe, de créer d’innombrables villes neuves et bastides à travers tout le duché, mais surtout dans une frange du pays landais par ailleurs désolée par la guerre. Si, pour se mettre à l’abri, quelques villes peuvent s’entourer de remparts, dans les campagnes en revanche, l’absence d’abris sûrs oblige les paysans à se réfugier dans les églises dotées très précocement de dispositifs défensifs sans cesse plus importants et plus complexes.
L’action de réorganisation voulue par le roi-duc et menée par ses représentants n’a pu parvenir à des résultats significatifs que grâce au relatif apaisement imposé par quelques interventions énergiques ; mais elle faillit être anéantie par une crise très grave connue sous le nom de Guerre de Guyenne. Tout commença par la décision prise en 1294 par la cour de France de confisquer le duché alors détenu par le roi Édouard Ier : plus de dix années de combats et de négociations allaient être nécessaires à ce dernier pour conserver ou reconquérir ses possessions. La première phase du conflit, de 1294 à 1296, allait s’avérer d’une particulière gravité pour les pays landais, par les ravages et les destructions dont bien des édifices ont conservé les traces. Ces malheurs étaient toutefois sans commune mesure avec ceux que la Gascogne allait connaître au cours du siècle suivant dans ce que l’on a pu nommer la Guerre de Cent Ans.
La rivalité latente entre le roi de France et le roi-duc avait soudain atteint un degré critique à partir de 1337. Le conflit qui éclata alors et qui allait se prolonger jusqu’en 1453 fut d’autant plus violent et souvent d’autant plus confus qu’il était compliqué par la situation politique très singulière dans laquelle se trouvaient à cette époque la Gascogne, et en particulier le pays landais. Les « Lannes » étaient en effet alors partagées en trois grands ensembles : une partie, comprenant surtout les circonscriptions de Gosse, de Seignanx, de Dax, de Saint-Sever, de Brassenx…, était placée sous l’autorité directe du roi-duc ; les vicomtés de Marsan et de Gabardan appartenaient au comte de Foix et vicomte de Béarn ; d’autres dépendaient de divers seigneurs de haut lignage. Une telle imbrication des possessions, l’imprécision de certaines limites, et surtout l’opposition des intérêts et la tentation de profiter des désordres et des surenchères pour agrandir les domaines ont entraîné de nombreux changements d’alliances, ralliements ou trahisons, et donc suscité ou aggravé les conflits entre les zones d’influence des deux souverains.
Les exactions, les destructions, les pillages commis par les troupes de l’un et l’autre bord, mais aussi par des bandes mal contrôlées ont entraîné un appauvrissement général, dont les conséquences ont été des phases de famine larvée et des poussées d’épidémies, dont la plus grave fut la Grande peste apparue en 1348.
Pour les Landes, les années 1371-1374 ont été particulièrement cruciales, du fait de la rivalité qui, à l’intérieur du conflit général, opposait les Armagnac, liés aux Albret, et le vicomte de Béarn, Gaston Fébus. Mais ce sont les dernières décennies de la Guerre qui ont été à la fois les plus confuses et les plus lourdes pour la population. Durant cette période, les attaques des troupes françaises se succèdent et se font de plus en plus efficaces, en dépit de reprises en main réussies par les forces du roi-duc et de la fidélité conservée à ce dernier par une majorité de Landais, mais avec une multiplication des changements de camp, des trahisons et des ruptures, jusqu’à l’offensive de 1451-1453, qui livra définitivement la région au pouvoir du roi de France.
Les débuts du conflit franco-anglais ne semblent pas avoir eu de trop graves répercussions sur la situation de l’Église landaise. Les évêques, qui étaient tous d’origine locale, sont parvenus pendant une longue période à rester à l’écart des développements politiques, sauf à certains moments pour le diocèse d’Aire, voisin des pouvoirs les plus actifs. Ce calme relatif a permis un grand effort d’organisation analogue à celui que menait dans le domaine civil l’administration anglaise : on divise alors les diocèses en archiprêtrés, on promulgue des constitutions synodales, on publie des bréviaires, on rédige des pouillés. Mais des signes inquiétants commencent à apparaître : révolte des paroissiens de Saint-Sever contre l’abbaye, contestation du pouvoir temporel des évêques et protestation à l’égard du poids croissant de la fiscalité, mais également perte de ferveur des monastères anciens, où l’on s’achemine vers l’abandon de la règle de la pauvreté individuelle par le partage des biens entre les religieux sous le régime de la commende.
Le relais va toutefois être pris par les ordres mendiants dont l’installation dans les Landes a été véritablement forte et assez précoce. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, les Franciscains s’établissent à Dax et à Mont-de-Marsan, les Clarisses à Bougue, à Mont-de-Marsan et à Dax, les Dominicains à Saint-Sever, les Carmes à Dax.
La période suivante allait être autrement plus troublée, non seulement du fait du développement du conflit, mais en raison des graves désordres qui ont marqué à cette époque l’Église universelle. Dans un premier temps, les difficultés causées par la politique menée par les papes qui avaient quitté Rome pour s’installer en Avignon ont surtout concerné deux domaines : la nomination des évêques et la collation des bénéfices, dans lesquelles intervenait de plus en plus activement la Curie pontificale ; la pression fiscale croissante exercée par cette même Curie, et par voie de conséquence, celles des évêques sur les institutions et les paroisses.
Les choses allaient encore considérablement s’aggraver à la mort du pape Grégoire XI, survenue peu de temps après sa réinstallation à Rome. Deux partis se formèrent qui élurent chacun un nouveau pape, qui à son tour nomma des évêques dans les divers diocèses. La situation perdura, et même se compliqua par l’élection d’un troisième pape censé remplacer les deux précédents. La conséquence de ce « Grand Schisme » fut dans les diocèses landais comme ailleurs une division du clergé et des fidèles, souvent favorisée par celle des divers pouvoirs politiques. L’apaisement ne vint qu’avec la résolution du schisme en 1417, et la disparition des évêques concurrents. Mais de nouvelles difficultés allaient bientôt surgir avec la mainmise de plus en plus affirmée du roi de France et de certaines grandes familles sur la nomination des évêques.
7. La Gascogne Landaise dans le Royaumme de France. XVe-XVIIIe Siècles
Aux XVIe-XVIIe siècles, remise en cause et affirmation de la foi catholique
Toutes les régions de France ont connu au XVIe siècle une véritable fracture : la Réforme protestante, en particulier sous sa forme calviniste, remettait en effet radicalement en question sinon toujours la foi catholique, du moins la pratique de cette foi, et en particulier le culte de l’Eucharistie, de la Vierge et des saints qui occupait une si grande place dans la vie de l’Église. Les Landes n’ont pas échappé à ce mouvement favorisé par la proximité du Béarn massivement acquis aux idées nouvelles : on note des conversions à Dax, et surtout à Mont-de-Marsan et dans le diocèse d’Aire où quelques exactions iconoclastes se produisent assez tôt ; à l’abbaye du Mas d’Aire, cinq religieux sur dix passent à la Réforme. Pourtant, le pays reste dans ce domaine une « zone de basse pression » : le nombre de communautés huguenotes organisées ne semble pas avoir dépassé la dizaine.
Si les Landais restent ainsi globalement attachés au catholicisme, ils ne vont pas pouvoir s’opposer aux troupes organisées qui, sous les ordres de Montgomery, se déchaînent en 1569 dans le Tursan, la Chalosse, le Marsan et le Gabardan. En dépit de la gravité du constat, Le Procès-verbal envoyé au roi Charles ix en 1572 ne rend qu’incomplètement compte des conséquences de ce raid : aux incendies, pillages, massacres, il faut ajouter la désorganisation des institutions, la précarité de la vie des communautés religieuses ou paroissiales, l’appauvrissement général de la population.
Pourtant, tous les témoignages montrent qu’après ces événements, la pratique religieuse n’a pas faibli : Landais des campagnes et des villes restent presque unanimement fidèles à la pratique dominicale et au respect du devoir pascal, les confréries se multiplient, des pèlerinages locaux – ceux de Buglose et de Maylis surtout – connaissent une grande faveur. Mais d’autres manifestations ont d’une orthodoxie plus douteuse : la dévotion aux fontaines miraculeuses et aux saints guérisseurs glissent vers la superstition et la résurgence de cultes païens, avec des pratiques aux frontières de la magie ou de la sorcellerie. On constate vers 1670 une résurgence de la chasse aux sorciers.
L’organisation de l’Église d’Ancien Régime
Le diocèse d’Aire avec 218 paroisses, celui de Dax avec 243 débordaient largement hors des Landes, vers l’est pour le premier, vers le sud, jusqu’aux Pyrénées pour le second ; en retranchant les paroisses aujourd’hui rattachées à d’autres départements, et en ajoutant celles qui proviennent des anciens diocèses de Bazas, de Bordeaux, d’Auch et de Lescar, on arrive à un total d’environ 430 paroisses pour le territoire actuel du département. Ces paroisses, groupées en archiprêtrés, étaient d’importance très inégale. Leurs biens et leurs revenus étaient gérés par la fabrique, un conseil de chrétiens, sous l’autorité du curé. Ce dernier, avec lequel les fidèles entretenaient des rapports assez divers, était le plus souvent nommé par l’évêque, plus rarement par d’autres autorités ecclésiastiques ou laïques. Dès sa nomination, il disposait des ressources de son bénéfice, et en particulier de la dîme et de diverses impositions en nature.
À la tête des diocèses, les évêques nommés après la crise sont très différents de leurs prédécesseurs du xvie, résidant souvent au loin et peu attachés à leur rôle de pasteur. Bien que ces nouveaux prélats, majoritairement d’origine noble, aient parfois dû leur nomination à la faveur de quelque puissant ou même au népotisme, et qu’ils aient continué à pratiquer le cumul de plusieurs bénéfices, ils se signalent à la fois par leur qualité intellectuelle et par leur volonté de promouvoir la réforme de l’Église entreprise selon l’esprit du Concile de Trente. Pour remplir cette mission, ils assurent un contrôle de la vie des paroisses par des visites pastorales régulières, et une formation permanente du clergé par l’institution de conférences ecclésiastiques. En revanche, il faudra attendre le xviiie siècle pour que des séminaires puissent pleinement assurer la formation des aspirants au sacerdoce.
Après l’ébranlement de la Réforme, les maisons religieuses ont repris vie : vers 1767, on compte 87 religieux répartis dans dix monastères dans le diocèse d’Aire, 63 pour neuf monastères dans celui de Dax, soit un total de 150 appartenant à neuf ordres. Quelque deux cents religieuses appartenaient aux seules congrégations des Clarisses et des Ursulines. Dans la plupart de ces maisons, une certaine discipline a été rétablie, soit par l’action d’un supérieur, soit par l’introduction d’une réforme : ce fut le cas pour les abbayes de Saint-Sever et de Sorde, soumises respectivement en 1638 et 1665 à la réforme mauriste, qui mit fin à la division des revenus liée au régime de la commende.
À la même époque, de nouvelles congrégations vinrent également s’installer dans les Landes, en particulier les Barnabites, au collège de Dax, et surtout, à Buglose, les Lazaristes, fondés par le landais Vincent de Paul.
8. Les Landes de la Révolution Française à nos jours
Les Landes, de la fin de l'Ancien Régime à la chute de la Royauté (1789-1848)
La définition des limites d’un vaste département des Landes regroupant la majeure partie des diocèses d’Aire et de Dax et des paroisses prises sur les diocèses d’Auch, Bazas Bordeaux, et la décision de placer dans la petite ville de Mont-de-Marsan le siège de l’assemblée électorale départementale ont profondément modifié l’équilibre ancien : si Dax reçoit la promesse de garder le siège de l’évêché, le collège national est placé à Saint-Sever, et Aire, désormais situé sur les marges, perd son chapitre, son évêché, son collège, son séminaire.
Les événements tragiques et contradictoires qui ont marqué la fin de la décennie et le début du siècle suivant semblent avoir eu des répercussions atténuées dans les Landes. Mais le département a eu comme tous les autres à souffrir de la Terreur, des réquisitions, de la disette, d’épidémies. Des mouvements contre-révolutionnaires allaient donc se développer dans les années 1797-1799.
Sous l’Empire, les Landes ont assez constamment manifesté leur résistance à la conscription et aux réquisitions, et si les mouvements républicains ou monarchistes ne semblent pas y avoir exercé une grande influence, après les combats menés en 1814 par le duc de Wellington, elles ont accueilli la fin de l’Empire comme une délivrance. Mais leur attitude lors des Cent-Jours et de la seconde restauration manifestent surtout une grande versatilité et sans doute une réelle indifférence, qui apparaît dans la modération manifestée aussi bien dans certaines célébrations que dans le châtiment des cruautés passées.
La période de la Restauration n’est pas marquée par d’importants progrès, mais par une amélioration des conditions de vie et de la gestion financière locale. Le mouvement se poursuit sous la monarchie de Juillet, durant laquelle l’esprit d’entreprise de quelques bourgeois éclairés ouvre la Grande Lande aux idées novatrices de la Société d’agriculture des Landes, alors que la Chalosse, plus fertile, s’attarde dans la routine.
Sur le plan politique, l’alternance d’élus gouvernementaux, conservateurs, légitimistes ou radicaux s’explique par des différences de valeur personnelle plus que d’idéologie. L’influence des idées républicaines demeure limitée, et certains de leurs défenseurs, dont l’économiste Frédéric Bastiat, finiront par se rapprocher du pouvoir.
Sur le plan économique, le système agro-pastoral atteint progressivement son apogée, mais quelques améliorations techniques et surtout le développement des travaux d’assainissement des landes de parcours permettent une extension des zones forestières, entraînant une transformation du paysage comme des modes de vie.
L’Église sous la Révolution, l’Empire et la Restauration
L’Église des Landes ne semble pas avoir été trop gravement perturbée par les quelques difficultés qu’elle avait rencontrées dans le courant du XVIIIe siècle : la pénétration des doctrines jansénistes était restée très limitée, et la suppression de quelques maisons monastiques trop réduites avait laissé subsister 24 abbayes, couvents ou maisons d’hommes et 6 couvents de femmes. Mais, dès le début de la période révolutionnaire, la suspension des vœux religieux en octobre 1789 divisa les communautés : si tous les couvents de femmes demeurèrent fidèles à la vie religieuse, plusieurs religieux et quelques maisons entières optèrent pour la vie privée.
Avec la mise en exécution de la Constitution civile du clergé en novembre 1790, le trouble s’étendit à l’ensemble du diocèse : outre plusieurs religieux, une soixantaine de prêtres acceptèrent de prêter le serment. Les autres prêtres et les évêques, qui avaient refusé, furent obligés de se cacher ou de s’exiler. Un ancien ecclésiastique, jadis entré en conflit aigu avec l’église de Dax, Louis-Samson Batbedat, devenu secrétaire général du Département, mena la répression. Un nouvel évêque et un nouveau clergé insermentés furent alors mis en place. L’apaisement ne survint qu’avec le Consulat et la nomination comme évêque de Joseph-Jacques Loison, qui réussit à faire l’union des deux clergés.
Sous l’Empire et jusqu’en 1823, le département des Landes a fait partie du diocèse de Bayonne. Lorsqu’il obtint son indépendance en 1823, le nouvel évêque, contrairement aux décisions anciennes, choisit de résider à Aire-sur-l’Adour.
Après avoir manifesté beaucoup de réserve à l’égard de la Monarchie de Juillet, le clergé se rapprocha du gouvernement. Il en reçut de nombreux secours pour l’entretien des églises. Mais il bénéficia aussi durant cette période d’aides considérables accordées par les communes.
8. Les Landes de la Révolution Française à nos jours
L’instauration de la démocratie (1848-1918)
Sous tous les régimes qui se sont succédé de 1848 à 1918, le département des Landes a gardé une vie politique marquée par des vagues successives d’élus légitimistes ou républicains modérés, puis radicaux, et socialistes.
Durant l’Empire, l’opposition au pouvoir prit parfois une forme violente, en particulier à Sabres en 1863, du reste pour des raisons plus encore économiques et sociales que proprement politiques. Pourtant, le plébiscite de 1870 devait encore montrer l’attachement des Landais à un régime dont les réalisations permettront au cours des décennies suivantes un essor dans le domaine culturel comme dans le domaine économique : l’enseignement public connaît alors un grand développement, grâce en particulier à l’action du ministre Victor Duruy, par ailleurs élu président du Conseil général des Landes. Dans le même temps, les archives départementales vont s’organiser sous la direction de Tartière.
À l’avènement de la République, les Landais, revenant sur leur soutien à l’Empire lors du plébiscite, se rallièrent assez rapidement au nouveau pouvoir, défenseur de la propriété privée et qui avait résisté aussi bien à la Commune de Paris que bientôt au socialisme collectiviste.
Au cours des décennies suivantes, l’affirmation des opinions républicaines s’accompagne de nombreuses luttes et querelles, et donc de changements de majorité, dues, comme par le passé, davantage à des questions personnelles qu’à de profondes divergences politiques. Plus tranchées en revanche vont être les manifestations du malaise social : les grèves de résiniers de 1906-1907, les premières animées par des syndicats, ont été marquées par diverses violences.
Ces oppositions de toutes sortes ont été attisées par une presse politique particulièrement active, qui n’a pas compté moins de sept journaux à Mont-de-Marsan, dix à Dax, deux à Saint-Sever, un à Aire-sur-l’Adour.
Sur le plan économique, cette époque voit l’extension considérable de la forêt aux dépens des landes de parcours des troupeaux, et donc le développement du gemmage et de l’exploitation des bois, avec pour corollaires la création d’usines de distillation de la gemme et de scieries, et l’organisation d’un marché des bois, du poteau de mine et du poteau télégraphique au charbon et à la traverse de chemin de fer. Mais des industries plus lourdes vont également être lancées : des papeteries utilisant le bois de pin, des hauts fourneaux à coke prolongeant les modestes fonderies du pauvre minerais de fer landais, des usines utilisant le liège pour fabriquer des bouchons et d’autres objets. Enfin, on développe l’exploitation des carrières, et l’on reprend ou commence celle du lignite, du bitume et du sel gemme. Toutes ces évolutions ont été grandement favorisées par la création d’un réseau de chemins fer qui a désenclavé le département, et surtout la Lande.
L’Église, des rigueurs de l’ultramontanisme à la crise de la Séparation
« La vie religieuse et culturelle des Landes, de 1852 à 1870, suit le rythme du mouvement général des idées : les évêques d’Aire, puis de Dax, diffusent dans leurs mandements les thèses du pape Pie IX : défense du pouvoir temporel des papes, des dogmes fondamentaux contre les idées modernes […] et de l’infaillibilité pontificale. Cependant, dans les faits, les idées laïques progressent, et l’État veut progressivement remplacer l’Église dans l’enseignement et plus spécialement dans l’éducation des jeunes filles […]. Enfin, les études historiques et scientifiques s’appuient sur le développement des archives et des recherches expérimentales en s’émancipant de plus en plus de l’influence de l’Église. » (J.-C. Drouin)
Cette opposition allait se préciser et s’exacerber à l’occasion des deux crises qui ont marqué à l’époque suivante les rapports de l’Église et de l’État. La première est provoquée à partir de 1880 par la politique anticongrégationniste de Jules Ferry et d’Émile Combes. Tandis que certains curés attaquent violemment l’école laïque, plusieurs congrégations enseignantes – les Ursulines en particulier – doivent fermer leurs établissements et finalement s’exiler à l’étranger. La seconde crise naîtra en 1905 de la loi de Séparation, dont les difficultés d’application firent passer la plupart des églises et de leurs biens dans la possession des communes. Les inventaires dressés à cette occasion témoignent de la résistance opiniâtre du clergé et des fidèles à cette politique.
8. Les Landes de la Révolution Française à nos jours
Les Landes, de la première Guerre mondiale à nos jours
La prééminence du radicalisme ne cesse de s’affirmer au fil des élections jusqu’en 1932 ; à partir de cette date, commence l’ascension du socialisme, favorisée par la constitution du Front Populaire. Ce mouvement, interrompu par le régime de Vichy, devait reprendre avec plus de force après la Libération.
Bien que la Seconde Guerre mondiale n’ait pas eu sur le plan démographique des conséquences aussi dramatiques que la Première, au cours de laquelle la population avait baissé de près de 25.000 habitants, le nombre très élevé de prisonniers, puis de travailleurs obligatoires retenus loin du pays, la division du département en trois zones, la présence d’importantes troupes d’occupation, les pénuries dans tous les domaines ont entraîné une régression économique qui ne sera comblée qu’au terme de plusieurs années de paix. Le redressement sera rendu plus difficile par les dévastations subies par la forêt, dont 350.000 ha seront détruites par des incendies entre 1942 et 1949. Mais il sera favorisé par la révolution agricole et sylvicole permise par l’introduction de nouvelles espèces et de nouvelles techniques. Parallèlement, des industries – papeteries, chimie de la résine – se développent, et les activités du tourisme et du thermalisme progressent rapidement.
L’Église, de l’apaisement de l’entre-deux-guerres au renouveau
conciliaire
L’union nationale laborieusement atteinte devant les menaces de guerre avait estompé les conflits idéologiques. Après le retour de la paix, la conduite exemplaire face à l’ennemi de nombreux prêtres, mais aussi des religieux rentrés d’exil pour accomplir leur devoir patriotique ont permis à l’Église de retrouver des relations apaisées avec les milieux politiques.
Le transfert à Dax du siège épiscopal, établi à Aire depuis 1823, réalisé en fait par Mgr de Cormont, fut officialisé par Mgr Mathieu, nommé en 1931. Sous son long épiscopat (1931-1963), et grâce au dynamisme de quelques responsables nommés par lui, le diocèse connut un véritable renouveau : les séminaires se remplirent de candidats, l’Action catholique, mais également de nombreux patronages prirent leur essor, Buglose devint le centre spirituel du département.
Après la rupture de la seconde Guerre mondiale et de l’Occupation, où nombre de prêtres avaient été éloignés de leur paroisse, mais où les difficultés avaient stimulé la pratique religieuse, la reprise des activités pastorales se fit dans un esprit nouveau, parfois influencé par les crises traversées par l’Église à cette époque. La baisse de la pratique religieuse, inégale selon les régions, s’est alors accélérée, surtout à partir des années 1970. Le nombre des prêtres a fortement diminué, tandis que leur âge moyen augmentait. Dans les églises, les offices, de plus en plus rares, réunissent aujourd’hui de moins en moins de fidèles.