Inscrite à l’Inv. Suppl. des Monuments historiques le 6 janvier 1998
Un édifice simple, récemment remis en valeur
On ne possède aucun renseignement documentaire sur l’origine et sur l’histoire la plus ancienne de l’église Saint-Jean-Baptiste du Bourdalat, dite aussi anciennement « de Maucap » – de Malocapite (de la Mauvaise Tête) –, du nom d’un lieu élevé situé à quelque 500 m au sud-est. Mais l’examen de l’édifice montre que, dans son premier état, que l’on peut dater du XIVe siècle, il devait se réduire à une vaste salle rectangulaire, sans doute terminée à l’est par un simple mur plat, et tout entière construite en moellons irréguliers mais disposés de manière assez soignée. Dès le siècle suivant, cette église a été prolongée à l’ouest par une tour construite en moyen appareil régulier et comportant un rez-de-chaussée carré couvert d’une voûte d’ogives, un premier étage de même plan, et trois étages de plan octogonal ; le passage du carré à l’octogone est assuré par des trompes de briques lancées aux angles du premier étage.
Au XVIe siècle, la relative pauvreté de l’église, que révèle la liste des rares objets emportés par une troupe de protestants, sera encore aggravée par les déprédations commises alors : autels renversés, meubles brisés, livres et linge brûlés. Peu après, le mur oriental est remplacé par un chevet semi-circulaire de même largeur que la nef, et on élève au sud un collatéral dédié à la Vierge, qui devra, dès 1692, être restauré, exhaussé et renforcé par des contreforts.
C’est sans doute au cours de ces mêmes travaux que l’on a couvert le vaisseau principal d’un plafond peint, dont des vestiges ont été découverts dans les combles du collatéral, au cours de travaux effectués en 1998-1999 : il s’agit d’un ensemble assez disparate de planches, sur lesquelles des peintures malheureusement dégradées par les eaux pluviales révèlent des décors végétaux ou figurés de belle qualité.
En 1764, on édifie une sacristie et on entreprend des travaux d’embellissement : réfection de carrelages, dorures, et sans doute remplacement du plafond de bois peint par une voûte faite selon la technique du « blanc-bourre » – un mortier de chaux armé par du poil d’animal et recouvert de plâtre –, et réalisation de décors de gypserie dans la nef et le chœur, d’un intéressant tambour de bois couvert d’un dôme nervé, qui soutient une petite tribune aux balustres sculptés, et d’une porte polychrome très décorée.
Le 17 messidor an 3, une délibération du conseil municipal indique que l’église a été dépouillée de tous les tableaux et objets du culte, que les autels ont été démolis, que des boiseries, arrachées, ont été mises en tas dans le collatéral, qu’enfin la moitié du carrelage a été enlevée. Cependant, le gros œuvre lui-même n’a pas trop souffert et les habitants sont prêts à le remettre en état. On pourra donc se contenter, durant une grande partie du XIXe siècle, de travaux d’entretien et d’une réfection de vitraux en 1814 ; vers la même époque, la base de la tour a été enveloppée dans un large auvent dissymétrique.
Bientôt pourtant, l’édifice demandera des réfections plus importantes : en 1880, le Ministère de l’Intérieur et des Cultes accorde à la commune un secours de 5.000 F pour la « reconstruction » de son église : les travaux nécessaire seront réalisés dans les années 1880, puis 1890, grâce à des donations du Comte de Maquillé : c’est alors que l’on agrandira les anciennes fenêtres et qu’on en ouvrira de nouvelles.
Vers la fin du xxe siècle, l’état général de l’édifice s’étant considérablement dégradé, une restauration extérieure complète s’avérait nécessaire : en 1998-1999, tous les enduits sont piqués, puis restitués avec un mortier de chaux naturelle, les contreforts sont rejointoyés, la charpente est restaurée et la couverture refaite en tuiles canal, le couronnement en béton de la tour est arasé pour reprendre une disposition plus ancienne de toiture à 8 pans couverte de tuiles canal. L’emban est également restauré.
Enfin, dans les années 2004-2005, c’est l’intérieur qui est rénové : des enduits décollés ou rendus pulvérulents par les infiltrations d’eaux pluviales sont repris, les moulures de stuc disparues sont restituées, toutes les surfaces sont repeintes dans des coloris anciens, enfin, on procède à une restauration complète du mobilier, qui constitue la partie vraiment la plus remarquable de l’ensemble.
Un mobilier d’une importance et d’un intérêt exceptionnels
La grande qualité des nombreux éléments de mobilier antérieurs à la Révolution qui subsistent étonne. Au-delà de l’aisance financière de la fabrique, attestée en 1756 lors de la visite pastorale effectuée par Mgr de Sarret de Gaujac, on peut penser que leur présence s’explique par la personnalité des seigneurs du lieu : depuis 1639 en effet, les seigneuries de Montégut et de Bourdalat appartenaient à la première famille de l’aristocratie landaise, les Poyanne, qui étaient manifestement en mesure de s’assurer les services d’artistes de talent et au fait des courants esthétiques.
Curieusement, le rare tambour en bois de l’entrée n’est pas mentionné en 1756. Il peut pourtant être attribué au XVIIe siècle et représente donc sans doute l’élément le plus ancien du mobilier. Couvert d’un dôme nervuré dont les ogives se rejoignent sur une clé moulurée pendante, il est clos par des cloisons dont les panneaux gravés dessinent des figures géométriques, dont des croix de Malte.
Deux petites portes latérales et deux grands vantaux centraux donnent accès à la nef. Une tête d’angelot accostée d’ailes dorées a été remployée au-dessus de ces vantaux.
Les quelques vestiges d’un décor à grands personnages, peint sur bois, trouvés en réemploi lors des récents travaux, sont sans doute un peu postérieurs. Malheureusement fragmentaires, ils peuvent correspondre au décor du plafond lambrissé qui couvrait encore le sanctuaire en 1756.
C’est à un décor plus tardif qu’appartiennent les nombreux éléments de bois sculptés, dorés ou peints d’un retable, qui ont été maladroitement remontés autour de la baie axiale ouverte en 1914. Deux panneaux rectangulaires sont encadrés par des colonnettes torses ornées de rinceaux de vigne et, au-delà, par des ailerons à volutes. Les panneaux portent des trophées symbolisant la messe et l’eucharistie et qui réunissent de bas en haut : à gauche une étole de prêtre, une clochette, une grappe de raisin, un ciboire, une croix processionnelle et un ostensoir ; à droite des bouquets de feuillages, une aiguière, une masse de marguillier, un calice et une croix processionnelle à double traverse. Les colonnettes sont couronnées de beaux chapiteaux corinthiens soutenant un entablement. Des corbeilles de fleurs et de feuillages sont posées au sommet des ailerons.
Cette composition accompagne le tombeau d’autel galbé, à décor rocaille de faux marbres contrastés dessinant des panneaux très découpés ornés d’une grande coquille au centre, de rinceaux sur les côtés : cette pièce splendide est malheureusement privée de son tabernacle.
Ces divers éléments sont insérés dans une grande composition de boiseries qui ceint tout le chœur, rythmée par de hauts socles doubles portant aujourd’hui des statues du XIXe siècle, mais qui devaient se prolonger à l’origine par des pilastres auxquels répondait l’articulation des compartiments de la voûte.
La restauration récente a révélé, sous les faux-bois qui recouvraient l’ensemble, un délicat décor de panneaux de faux-marbre dans des cadres aux teintes délicates ; sur les panneaux voisins de l’autel sont appliqués en bas une console, au-dessus, un volumineux bouquet de feuilles et de fleurons d’acanthe, et une longue bande de tissu plissé qui pend de deux clous d’or ; les panneaux suivants encadrent les sièges du célébrant et des servants ; le dernier à droite entoure la porte d’accès à la sacristie.
Les compartiments du plafond ont reçu dans les années 1950 un décor peint de facture assez médiocre, mais d’une intéressante iconographie. La Crucifixion représentée au centre est encadrée à droite par l’Ascension, à gauche par l’Assomption de Marie : les deux derniers panneaux du même côté gauche figurent l’Annonciation et la Visitation ; à droite, leur font pendant Jésus au milieu des Docteurs et Jésus entouré de Pierre et de Jean au cours de la Cène.
Un prie-dieu orné d’un buste d’évêque en bas-relief, la cuve de l’ancienne chaire, au décor fin mais très sobre, et deux confessionnaux dont le plus beau présente une porte ajourée exceptionnelle complètent ce mobilier.
Les ouvrages en fer forgé sont tout aussi intéressants.
La clôture du chœur et celle qui ferme la partie du collatéral constituant la chapelle de la Vierge sont dans le style encore à l’honneur au milieu du XVIIIe ; il faut regretter qu’à la suite de la dépose de la chaire, sa rampe de fer forgé ait disparu.
À leur différence, la superbe grille des fonts baptismaux présente un décor « à la grecque » en vogue à la fin du même siècle, mais totalement inhabituel dans une paroisse rurale.
Les verrières, toutes à décor figuré, sont au nombre de 12 ; presque toutes sont de l’atelier Dagrand. Leur mise en place s’est faite en plus de 25 ans.
Celles de la tribune, qui représentent l’Annonciation et la Nativité, sont d’après leur style les plus anciennes, mais ce sont les moins belles et elles paraissent comme un réemploi.
En 1890, deux autres ont été placées dans les baies latérales du sanctuaire : elles représentent Saint Jean-Baptiste et Saint Louis.
En 1899, six autres sont venues orner le mur nord de la nef (Saint Michel, Saint Saturnin et Saint François-Xavier) et le mur sud du collatéral (Notre-Dame de Buglose, Notre-Dame de Maylis et Saint Léopold). En 1900, le Baptême du Christ prend place dans la chapelle des fonts baptismaux. Enfin, en 1914, la baie axiale du sanctuaire s’orne d’un Sacré-Cœur de Jésus.
La dernière, mais non la moins remarquable pièce du mobilier est la porte d’entrée, qui appartient à un groupe important dont on retrouve des exemplaires à partir du dernier quart du xviie siècle dans de nombreuses églises landaises, en particulier dans la région de Mont-de-Marsan. C’est en effet à des sculpteurs montois que l’on doit ces œuvres, qui présentent entre elles de grandes parentés : des panneaux menuisés dans la partie inférieure, un motif central représentant une tête de lion, une rosace ou des compositions de feuillages, des panneaux supérieurs figurant deux saints, dont le patron de l’église.
À Bourdalat, les panneaux centraux portent une grande rosace d’acanthe dans un cadre mouluré, tandis que les panneaux supérieurs opposent à gauche Saint Jean-Baptiste et l’Agneau symbolisant Jésus, et à droite Saint Benoît. Le saint patron de l’église, vêtu de peaux, a la main droite posée à plat sur la poitrine et il tient une croix de la gauche ; Benoît tient dans la droite le livre de la Règle et de la gauche une crosse, symbole de son autorité.