La vénération exceptionnelle des Landais pour “leur” sanctuaire marial de Buglose a trouvé son origine dans l’”invention”, au début du XVIIe siècle, dans des landes marécageuses, d’une statue de la Vierge à l’Enfant qui y avait sans doute été dissimulée pendant les Guerres de religion. Un modeste oratoire ‒ la Chapelle des Miracles ‒ avait été élevé sur l’emplacement de la découverte, mais, dès 1622, on dut construire à quelque distance une église suffisante pour accueillir les pèlerins déjà nombreux, et des “missionnaires” y furent regroupés pour la desservir.
Après une brève éclipse pendant la période révolutionnaire, qui avait vu l’église dépouillée et la maison des missionnaires vendue comme bien national, le courant de dévotion reprit son développement, mais la maison des missionnaires ne put être rachetée qu’en 1844. Le projet d’une reconstruction émergea alors et une souscription fut lancée.
Dans un premier temps il fut imaginé de faire appel à des compétences extérieures au département : le célèbre Adolphe-Napoléon Didron (1806-1867), professeur d’archéologie, fondateur des Annales archéologiques ; Hippolyte Durand(1801-1882), architecte parisien qui construisait les églises Saint-Jacques de Tartas et Saint-Martin de Peyrehorade, et qui fournit un projet d’agrandissement. Mais ce fut finalement à Jean-Antoine Sibien, architecte départemental nommé en juillet 1849, que Mgr Lanneluc confia la reconstruction du sanctuaire. Les travaux commencèrent en 1850 par le chevet, à l’est du précédent, et dès 1855, on put procéder à la translation de la statue et à la consécration de l’autel.
Après la mort de Mgr Lanneluc et le bref épiscopat de Mgr Hirrabourre, c’est Mgr Louis-Marie Épivent qui fait terminer l’édifice en 1864-1865, sur les plans de l’architecte bordelais Alaux. Des modifications sont apportées au projet initial pour répondre aux besoin d’une église de pèlerinage : ouverture du chœur sur les chapelles latérales par de grandes arcades, développement des parties occidentales, avec un vaste porche constitué de deux salles supportant la tribune, de deux chapelles septentrionales superposées ouvrant respectivement sur le porche et la tribune et d’une chapelle occidentale semi-circulaire pour les fonts baptismaux, le tout complété par deux tours et deux tourelles d’escalier.
La fin des travaux de construction fut marquée par le couronnement solennel de la Vierge le 9 septembre 1866 par Mgr Épivent. Par la suite, Mgr Victor-Marie Delannoyfera installer, en 1895, un carillon que le chanoine Maisonnave dotera d’une machine à carillonner. Enfin, en 1896, alors que le projet d’édifier une flèche est définitivement abandonné, quatre anges musiciens en fonte dorée, somptueux cadeau de la marquise de Lur-Saluces, seront installés aux quatre coins de la plateforme pour encadrer une reproduction également en fonte dorée de la Vierge.
En septembre 1966, à l’occasion du centenaire du couronnement de la Vierge, l’église est érigée à la dignité de basilique mineure par le pape Paul VI.
L’édifice extérieur
En dépit de son ampleur, l’édifice présente une apparence assez modeste, en raison d’une relative insuffisance de moyens financiers. Le parti est celui d’une église de style roman formée d’une nef de quatre travées, encadrée de bas-côtés, et prolongée par un sanctuaire de deux travées et une abside à cinq pans. À l’extrémité des bas-côtés, deux chapelles, dont le mur extérieur en saillie est percé d’une rosace et surmonté d’un fronton sur arcatures, se terminent par une petite abside à trois pans, autant de dispositifs probablement destinés à rappeler des bras de transept et des absidioles orientées.
De part et d’autre du chœur, deux sacristies, dont une, au nord, transformée en chapelle, communiquent par un passage enveloppant le chevet.
La tour clocher sud, la seule à avoir été menée presque jusqu’à son terme, est l’élément fort de la composition, et sa face sud, avec son portail à colonnettes et tympan, et ses trois niveaux d’arcatures diversement composés forme la véritable façade du sanctuaire, la présence à l’ouest de la maison des missionnaires ne permettant pas de ménager de ce côté l’entrée principale.
L’édifice intérieur
L’élévation présente deux niveaux d’un style roman “de transition”, dont les arcs en plein cintre des arcades et des baies coexistent avec des voûtes sur croisées d’ogives.
Si la sculpture est présente dans toute l’église, elle se densifie, comme les peintures décoratives, au fur et à mesure que l’on approche du cœur du sanctuaire, la statue de Notre-Dame de Buglose. Ainsi, sur les six chapiteaux du chœur, des scènes résument l’histoire du pèlerinage, de la découverte de la statue au couronnement de la Vierge. Mais ce sont surtout les trois pans coupés de l’abside qui concentrent tous les effets décoratifs dans une riche polychromie rehaussée de dorure sur le bandeau marquant la séparation entre les deux niveaux, sur les encadrements sculptés des fenêtres…
Dans l’abside encore, la statue de la Vierge à l’Enfant est abritée dans une niche à l’archivolte richement sculptée, et les trois pans coupés qui l’entourent sont entièrement couverts d’un décor peint, imitant en partie la mosaïque, confié au peintre montois Louis-Anselme Longa. Le sol est pavé d’une intéressante mosaïque.
Les vitraux
Ils sont l’œuvre de deux ateliers différents, mais dans une continuité certaine, puisque le second vitrailliste, Villiet, s’était formé à l’atelier du premier, Thibaud, et que c’est l’interruption d’activité de celui-ci qui entraîna le recours à son successeur.
Cet ensemble exceptionnel nous montre d’une part comment le vitrage d’une église, lorsque sa réalisation devait s’étaler dans le temps pour des raisons économiques, prenait en compte la hiérarchie des parties constitutives de l’édifice. Il donne aussi l’exemple de vitraux choisis sur catalogue aux côtés d’autres réalisés à l’usage spécifique de ce sanctuaire et qui sont donc des pièces uniques. Enfin, il nous montre comment les vitraux sont des éléments mobiliers dont l’emplacement peut changer.
En 1854-1855, 15 vitraux sont l’œuvre de Thibaud : dans la disposition d’origine dans les cinq pans coupés de l’abside, les thèmes étaient l’Annonciation, l’Immaculée Conception, la Donation de la chapelle à la Vierge par Monseigneur Lanneluc, Notre-Dame de Pitié et l’Assomption, avec les chanoines de Dax donateurs. Dans les fenêtres hautes de la nef, 8 verrières portent les litanies de la Vierge.
En 1863, 21 verrières ont été réalisées par Villiet : dans le chœur, Nativité de la Vierge, Présentation de la Vierge au Temple, Crucifixion, Pentecôte ; deux rosaces dans les chapelles de saint Joseph et de saint Vincent de Paul ; dans les bas-côtés, 8 scènes reprenant l’histoire du sanctuaire ; d’autres thèmes sont mis en œuvre dans la chapelle des fonts baptismaux, dans les chapelles du Rosaire et du Sacré-Cœur, dans la tribune, où une rosace présente le Christ entouré de grands prédicateurs missionnaires, dont François d’Assise, François-Xavier, et Vincent de Paul.
Le mobilier
L’église abrite de nombreux éléments de mobilier de qualité, dont une partie provient de l’édifice antérieur. On peut citer en particulier :
Notre-Dame de Buglose : cette statue en pierre polychrome, de plus d’1 m de haut, est datée de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, mais elle a été en partie refaite au XVIIe ou au XVIIIe siècle (enfant, visage de la Vierge, mains) ; elle a été classée Monument historique en 1912. On peut lire sur le col de la robe le début du Magnificat Magnificat anim[a mea do]minum, et, sur les bords du manteau, des fragments du Salve Regina.
La Chaire à prêcher en bois sculpté, du dernier quart du XVIIe siècle mais complétée au XIXe, a été classée en 1989 : ses bas-reliefs présentent des épisodes de la vie de la Vierge.
Une impressionnante statue de saint Vincent de Paul en bois polychrome, du 3e quart du XVIIIe siècle, classée en 1983, est une copie de la statue de la canonisation par Pietro Bracci en 1740.
Deux bas-reliefs en bois polychrome de la 2e moitié du XVIIIe siècle, classés en 1983, représentent deux scènes votives avec des Lazaristes et des prêtres diocésains d’une part, des Dames et des Filles de la Charité de l’autre.
Deux bas-reliefs en bois polychrome de la 2e moitié du XVIIIe siècle représentent la méditation de Marie-Madeleine et sa communion par les anges.
Cinq monumentales tombes épiscopales, dont le gisant de Victor Delannoy, évêque de 1876 à 1905, par le comte d’Astanières, sont élevées dans la chapelle nord du porche.