Au sommet d’une butte imposante, dans l’enclos de l’ancien cimetière auquel on accède par un escalier monumental et un portail, l’église Notre-Dame de Baigts, déjà mentionnée au milieu du XIIe siècle dans le Livre rouge de la cathédrale de Dax, offre d’emblée au visiteur l’étrangeté des dispositions architecturales de son chevet.
Un parti résolument fonctionnel
Tout est dissymétrie dans cet ensemble, dont seule une analyse minutieuse permet de discerner la cohérence. Unique point de repère sûr à l’extérieur, la petite fenêtre d’axe partiellement murée conserve ses proportions d’origine, alors que les deux qui l’encadrent ont été considérablement élargies. Les anomalies apparaissent déjà dans l’implantation des cinq contreforts, dont deux marquent la jonction de la travée droite et de la nef, mais dont un troisième se dresse contre le piédroit sud de la fenêtre d’axe, les deux derniers raidissant le flanc nord de l’abside, alors que le flanc sud en est dépourvu.
Cette dissymétrie est accentuée par la présence sur la seule face nord d’une file de niches creusées au-dessus d’une banquette, deux étroites sur la travée droite, une plus large dans les deux espaces séparant les contreforts de l’hémicycle.
L’ancienneté de ces dispositions ne peut être mise en doute : partout, l’appareil régulier et orné de belles marques de tâcherons est identique, et l’on peut voir à mi-hauteur le bandeau en damier qui, au sud, court sur le mur et entoure au nord les contreforts.
Pour surprenantes qu’elles puissent paraître, la plupart de ces particularités s’expliquent très aisément par une préoccupation unique : pallier les menaces que pouvaient entraîner pour la solidité de l’édifice la consistance peut-être, et assurément la forme du terrain sur lequel l’œuvre était entreprise. Du fait de l’exiguïté de la crête de la butte, la face septentrionale du chevet devait être élevée sur le rebord de cette crête, et l’on comprend que, pour éviter le déversement de ses murs, on ait estimé nécessaire de les renforcer considérablement par des contreforts et même par des arcades que la face méridionale n’exigeait pas. Des raisons identiques – sa situation au bord du petit plateau – avaient également conduit à renforcer par un épaississement de quelque 3 m de hauteur le mur nord de la nef.
Les préoccupations ainsi manifestées par le maître d’œuvre ne semblent avoir guère laissé de place pour des recherches décoratives. Outre le bandeau, le chevet ne comportait à l’extérieur qu’une corniche portée par la partie supérieure amincie des contreforts, et par des modillons dont cinq au nord ont été en partie conservés. L’intérieur était, semble-t-il, entièrement nu, et il semble même n’avoir jamais été couvert de voûtes.
La nef et son collatéral
La nef, un peu plus large que le chœur, a été fortement remaniée : seule la partie orientale du mur nord conserve son appareil ancien sur toute sa hauteur. Dans ce même mur, de larges fenêtres et une porte à linteau appareillé ont été percées à diverses époques. Une tour carrée massive mais de hauteur médiocre a été élevée à l’extrémité ; ses murs sont reliés à ceux de la nef par de gros massifs cylindriques et son rez-de-chaussée s’ouvre sur l’église par un grand arc surbaissé ; une porte en anse de panier aujourd’hui murée s’ouvrait à la base du mur nord ; des meurtrières étaient ménagées à l’étage.
Un porche a été ajouté à l’ensemble au XVIIIe siècle ; la porte en anse de panier par laquelle il communique avec la tour porte la date de 1746.
Un collatéral avait également été ajouté du côté sud dès le XVIIe siècle sans doute. Ses fenêtres murées ont été remplacées au siècle dernier par d’autres plus larges. On peut encore voir un cadran solaire sur une pierre d’appareil de l’angle sud-ouest.
Le mobilier
On ignore les raisons – destruction ou goûts nouveaux – qui ont fait remplacer au xixe siècle tout le mobilier ancien par un ensemble d’éléments du reste fort intéressants. Tout le chœur a ainsi été habillé de boiseries cirées ou traitées en faux marbre, qui entourent un autel et un retable imitant les décors du siècle précédent : des colonnes torses ornées de pampres séparent un tableau central figurant l’Assomption de la Vierge de deux plus petits qui représentent des anges accompagnés d’inscriptions célébrant Marie : Regina sine labe concepta ora pro nobis. Regina sacratissimi Rosarie (sic) ora pro nobis.
De part et d’autre, quatre autres tableaux montrent deux auteurs sacrés assis et deux autres debout, dont un accompagné par un ange. Enfin, les murs transversaux reliant le chœur à la nef plus large sont percés de deux niches abritant respectivement des statues de la Vierge et de saint Joseph.
L’époque à laquelle ces divers éléments ont été mis en place est peut-être indiquée par la date que porte un bénitier engagé à l’extrémité orientale de l’arcature séparant les nefs : cette œuvre étrange est faite d’une très grande coquille ourlée d’une bordure de cuivre et reposant sur un pied de marbre.
Les deux vaisseaux couverts d’un plafond en anse de panier communiquent par deux grands arcs surbaissés. La nef principale n’abrite qu’une chaire de bois moulurée ; dans le rez-de-chaussée de la tour, une tribune bordée par une balustrade a été lancée sur deux colonnes doriques en faux marbre. Dans le collatéral, l’autel de bois doré est entouré d’un décor de pilastres et de caissons peints en trompe-l’œil et portant la signature L. Fortuné et la date de 1879 ; deux tableaux figurent respectivement l’Assomption et Saint Roch.