Un édifice simple, mais charmant
L’église de Carcarers apparaît vers le milieu du XIIe siècle dans la liste des paroisses du diocèse de Dax transcrite dans le Livre Rouge de la cathédrale. Elle porte alors le vocable de Saint-Girons, plus tard remplacé par celui de Saint-Laurent, mais qui reste aujourd’hui attaché à une fontaine située en contrebas et jadis très vénérée.
L’édifice actuel conserve de l’église du XIIe siècle une partie des murs de la nef, caractérisée par un appareil régulier en calcaire assez grossier de grandes dimensions.
L’abside, sans doute assez réduite, qui devait compléter cette nef a été remplacée au début du XIIIe siècle par le chevet polygonal actuel. Des fenêtres étroites, fermées par un linteau monolithe échancré, mais largement ébrasées à l’intérieur, y étaient percées ; une seule subsiste, murée, à l‘est ; les autres ont été fortement agrandies à l’époque moderne.
On avait prévu de couvrir l’ensemble de voûtes d’ogives, mais seules ont été réalisées les voûtes du chœur et de la partie voisine de la nef, où l’on peut encore voir les vestiges des arcs formerets. À la même époque, on a surélevé le mur ouest pour servir de clocher et ouvert un portail occidental en arc brisé.
Au siècle suivant, l’église a été fortifiée en surélevant une partie des murs gouttereaux de la nef, pour ménager, une pièce forte ouvrant sur l’extérieur par des meurtrières : ces meurtrières et les corbeaux qui portaient les poutres soutenant le plancher de la pièce ont été rendus visibles par l’enlèvement récent de la voûte de plâtre qui les dissimulait.
Enfin, au XVIIe et au XVIIIe siècle, la voûte d’ogives du chœur a été remplacée par un cul-de-four et un berceau et l’ensemble a été complété par la construction d’une chapelle de la Vierge, puis d’une sacristie au sud, et par celle d’un porche et d’un emban à l’ouest.
Une récente campagne de travaux a profondément modifié l’aspect intérieur : le plafond qui recouvrait la nef en dissimulant la partie supérieure de ses murs a été retiré et remplacé par un lambris peint disposé sous les entraits de le charpente ; les murs et la voûte du chœur ont été dépouillé des enduits de plâtre et des peintures très simples qui les recouvraient et leur appareil de pierre coquillière et de moellons a été laissé nu ; enfin, le retable majeur a été restauré.
L’édifice ainsi constitué se dresse au bord d’une petite terrasse sur le flanc de laquelle un escalier monumental conduit, de la route qui passe en contrebas, à l’emban et au porche. Cette situation assez exceptionnelle met parfaitement en valeur le pittoresque des volumes et l’harmonie des couleurs de ce charmant ensemble.
Un mobilier abondant et de qualité
Heureusement épargnée par la volonté de dépouillement des années 1960, l’église Saint-Laurent a conservé la totalité du remarquable mobilier dont elle avait été dotée au cours des siècles précédents.
L’autel majeur et son retable
L’élément le plus imposant de cet ensemble est l’autel principal avec son tabernacle et son retable. Les fonds d’une grande partie de ses éléments, sans doute affectés par l’humidité, ont dû être refaits, mais on y a de nouveau appliqué les motifs de bois doré qui les décoraient à l’origine. Il en a été ainsi pour la cuve de l’autel, au centre de laquelle on a remployé un bas-relief représentant l’Agneau allongé sur le Livre aux sept sceaux de l’Apocalypse (Ap 5).
On a de même replacé sur une prédelle refaite trois petites frises de feuillages, et sur le tabernacle les statuettes et les bas-reliefs anciens. Sur l’armoire eucharistique de plan trapézoïdal, la porte en plein cintre représente un Christ en croix enveloppé de nuages et entourée par la Vierge et saint Jean ; au-dessus, un angelot bouclé aux ailes déployées émerge d’une draperie ; sur les côtés obliques délimités par des colonnettes torses ornées de feuillages, des niches abritent les statuettes de saint Pierre et de saint Paul.
De part et d’autre, les ailes, également encadrées par des colonnettes, sont prolongées par une volute d’acanthe et couronnées par un fronton triangulaire brisé, et elles portent respectivement les statuettes de l’évêque Girons et du diacre Laurent, surmontées de la tête et des ailes d’un angelot sur fond de nuages.
Au sommet de l’ensemble, l’exposition, accostée de colonnettes torses nues et de volutes, et couronnée d’une toiture en dôme portant une croix, abrite un crucifix doré.
Derrière ce premier ensemble, les trois volets du grand retable sont scandés par des colonnes cylindriques, puis torses, ornées de rinceaux et couronnées par des chapiteaux corinthiens. Sous les colonnes, des socles, nus aux extrémités mais ornés au centre de la tête bouclée et des ailes entrecroisées d’un chérubin, encadrent les bustes de saint Girons et de sainte Apollonie, que l’on croyait sœur de saint Laurent.
Dans le volet central, un tableau représente le Christ crucifié, entouré de la Vierge, de saint Jean, de sainte Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Deux autres tableaux figurent Saint Girons sur le volet de droite, Saint-Laurent sur celui de gauche.
Les volets latéraux sont surmontés d’un demi-fronton triangulaire, le volet central d’un édicule encadré par des colonnettes cannelées, des volutes et des rampants, et couronné d’un fronton cintré et d’un arbre à volutes ; à l’intérieur de l’édicule, un tableau figure Dieu le Père, cheveux au vent et barbe ondulée, tenant le globe terrestre sous sa main droite.
Les autres éléments de mobilier du sanctuaire
À l’entrée du sanctuaire, un escalier permettait de monter à une chaire assez simple qui a été supprimée.
À son emplacement, on a disposé la grande cuve baptismale destinée à célébrer le baptême par immersion, qui était autrefois placée dans le porche.
Taillée dans une pierre coquillière jadis enduite, elle est ornée d’un carré sur la pointe, inscrit dans un carré plus grand.
L’escalier disparu de la chaire est encore rappelé par les balustres d’un autel face au peuple qui reprennent le profil de ceux de sa rampe.
Sur les murs latéraux, deux tableaux figurent, au sud Saint Pierre assis auprès du coq annonçant son reniement, au nord un Évangéliste inspiré par l’Esprit.
Les fenêtres percées dans les pans obliques sont ornées de vitraux de l’atelier G.P. Dagrand de Bayonne, datés de 1872, dans lesquels des médaillons disposés sur un fond losangé représentent saint Pierre tenant les clés et saint Laurent, vêtu de la dalmatique, la tête ceinte de la tonsure, et tenant une plume de la main droite et un livre dans la main gauche.
La chapelle de la Vierge
Dans la chapelle méridionale, un autel du XIXe siècle ne présente pas de grand intérêt, mais son retable également assez banal encadre une remarquable statue de la Vierge à l’Enfant : cette œuvre médiévale a subi au XIXe siècle une restauration qui a heureusement respecté quelques détails originels.
Sur le mur sud, un grand tableau figure l’Assomption de la Vierge : Marie, bras écartés, est enlevée au ciel par des anges ; au sol, des personnages debout ou à genoux contemplent la scène, tandis que d’autres penchés vers le tombeau de pierre galbé, s’émerveillent de le trouver vide.
Encadrant ce tableau, deux vitraux de l’atelier Jules Mauméjean de Pau comportent un médaillon central représentant respectivement la Vierge, bras croisés sur la poitrine, et saint Joseph tenant un lis de la main droite un rabot dans la main gauche.
Les vitraux de la nef et du porche
Trois vitraux de l’atelier Dagrand, composés eux aussi d’un médaillon central malheureusement effacé par le temps, ornent les fenêtres de la nef : au nord, un d’entre eux représente un ange gardien faisant la leçon, un doigt levé, à un petit enfant qui le contemple, mains jointes, et un second saint Michel, cuirassé et casqué ; au sud, le troisième figure saint Vincent de Paul bénissant un enfant qu’il tient dans ses bras.
Dans le porche, à l’intérieur du grand cadre ovale d’un vitrail de l’atelier Mauméjean, on voit Jean-Baptiste, vêtu d’une peau de bête et d’un grand manteau et tenant un grand bâton de la main gauche, baptisant Jésus, qui se tient debout, les pieds baignant dans le Jourdain, les bras croisés sur la poitrine.